Abussals

         

Il est un fois un petit village du sud de la France semblable à beaucoup d’autres du nom de Abussals, depuis un siècle, rattaché administrativement au ravissant hameau de Noblebel et sa Basilique.


L’atout coeur de Abussals, c’est son église massive qui flotte au-dessus des toitures et se découpe sur les montagnes au lointain.


Tristement, les constructions désordonnées et les villas au style pavillonnaire qui ont fleuries anarchiquement ont gommé l’authenticité régionale et effacé tout charme architecturale.


Contrairement aux hameaux et villages voisins qui donnent envie de flâner dans leurs ruelles préservés, ce manque de charme explique que hormis les randonneurs qui traversent la commune, ou s’en servent comme base de départ, il n’y a pas de tourisme local. Le village ne possède aucuns commerces et vit replié sur lui-même.


En quittant le village par la route de Noblebel, peu à peu, les maux et dommages s’estompent et ne restent alors que la carte postale magnifique. On ressent enfin ce qu’a pu être le village construit il y a 800 ans devant ses montagnes de 40 millions d’années et l’on souhaiterait que ceux qui s’en croit légitime ne l’oublie pas et fassent preuve d’humilité.

Celui qui ne connait pas les bassesses qui infectent ce lieu de l’intérieur, y voit pourtant un coin de paradis.


Parce que avant tout, Abussals et Noblebel ce sont les brebis qui pâturent dans les champs et que l’on surprend au détour d’un chemin, ce sont les chèvres que l’on croise ou l’on suit lentement en voiture, ce sont la Basilique du XIIeme siécle qui s’offre aux pleines lunes, ce sont l’église délicate et les ruelles ventées de Noblebel, ce sont les espaces naturels préservés, de petits escaliers en bois confectionnés par l’ébéniste du village, le respect du paysage, le respect des uns et des autres.


Une nuit pourtant, les habitant de Abussals vont faire un cauchemar. Les brebis disparaissent du paysage, une pelle mécanique incontrôlable fait vibrer les ruelles endormies dés l’aube, des quads et Polaris couvrent le chant des oiseaux, des ralentisseurs de cités surpeuplés obstruent les routes, des cuves immondes recèlent des eaux insalubres dans lesquelles prolifèrent des moustiques tigres, des parpaings et du ciment vomissent des escaliers bunkérisés, des caméras de surveillance contrôlent les poubelles et les parkings, les habitants les plus avertis fuient la commune, les villas se transforment en résidence secondaire.


Puis un jour, Noblebel redemande son indépendance, et l’obtient. Le hameau et les vrais amoureux de la région peuvent ainsi protéger et continuer à rendre au hameau son caractère, avec respect de l’environnement, de l’histoire, des gens et de l’harmonie.
Abussals continu à se recroqueviller sur elle-même, toujours plus de caméras, toujours moins de propriétaires résidents, les motivés, les éleveurs, les entrepreneurs, les ébénistes, apiculteurs, les gens de lettre, d’art, les humanistes, les défenseurs de l’environnement sont chassés un par un.


Alors enfin, les quelques élus habitants dans les hauteurs, bien protégés dans leurs villas, peuvent transformer le cœur du village en un vaste réseau de gites et appartements à louer. Chaque maison, logement, leur appartenant ou appartenant à la mairie, ils peuvent enfin contrôler, choisir, trier, rejeter et décider qui a le droit de vivre chez ici, chez eux.

L’église de 800 ans et les montagnes de 40 millions d’années deviennent plus vert de gris et arides que jamais.


Mais c’est une autre histoire.. le sujet d’un prochain projet !