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“Un coup de langue est pire qu’un coup de lance.”
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Madame Manfain : Violette, tout le monde l’appelle Violette. La vie du village quand tout semble mort, c’est elle, les naissances de chevreaux qui apportent la joie chez les randonneurs, c’est elle, les prés entretenus, c’est elle, le bruit des sonnailles quand il y a du brouillard, c’est elle, le charme du village qui ravit les enfants, c’est elle. C’est la chevrière du village. C’est un peu le cheveu dans la soupe Abussalienne. Elle est plus théâtre que télévision, plus sensible que médisante, plus sincére que hypocrite, plus rivière que piscine, plus femme indépendante que femme au foyer, plus bois que béton, bref, M. Badoufron la déteste. Ce qui à Abussals, est devenu un gage de qualité.
Monsieur Bourdon : C’est l’apiculteur, travailleur, fonceur, courageux, entreprenant ! C’est un brave gars, un peu écolo, un peu social, un peu humaniste, un peu désordre, un peu négligé, un peu débordé, un peu déçu, un peu lâché, un peu dupé. C’est celui qui explique comment s’intégrer au village mais qui ne parviens pas à suivre ses conseils. Son alliance avec M. Tarfouine ne lui aura pas attiré que du bon, un peu comme s’il avait vendu son âme au diable et que le diable avait demandé son du sans attendre ! Coincé entre le marteau et l’enclume, enfin entre Tarfouine, Badoufron et Troussardier, il aura connu plus de tempête que d’accalmie et la sérénité de ses abeilles n’y aura rien changé. Monsieur Bourdon a le bourdon !
Monsieur Tarfouine : C’est l’ancien temps. Le réseau absolu. Héritier des terres de ses parents dans les années 60, il devient maire, rend ses terrains constructibles et s’enrichit en les vendant. C’est le maire à l’ancienne, peu d’étude, jamais quitté le village, mais roi de la magouille et de la menace déguisée. C’était M. Le Maire pendant 20 ans, il a régné sur le village d’Abussals et à tissé des ramifications dans toutes les administrations locales. Sa méthode : je t’accorde un passe-droit, une faveur, et je te tiens à vie. Tu m’es redevable. Ainsi, il deviendra membre de tout ce qui est agricole de proche ou de loin : Membre d’honneur de la mutualité agricole, Membre consultatif du comité d’action social du Crédit Agricole, Vice-Président honorifique des œuvres sociales agricoles, Membre perpétuel des pupilles de la terre, Membre honoraire des jeunes agriculteurs, Membre permanent des vieux agriculteurs, Président d’honneur des vignerons indépendants, Président honorifique des caves coopératives Abussaliennes, si avait pu, il serait rentré au comité d’administration de ramassage des escargots, des asperges, des champignons, des chasseurs, des…des…des… il a encore de l’influence auprés de quelques anciens redevables, au service de l’urbanisme ou à la société d’aménagement rural ! Malheureusement, peu à peu, tous ses bons « amis » quittent se monde. M. Tarfouine se retrouve bien seul.
Monsieur Badoufron : C’est le nouveau maire ! Certain disent que c’est un usurpateur ! Qu’il c’est fait (mal) élire pour ces mots et ses idées, qui n’étaient pas de lui ! : Personnage renfrogné, petit, ne s’aime pas beaucoup, ne se trouve pas très beau, pas très intelligent, il est porté sur la bouteille comme on dit ici, colérique, il peut se montrer violent. Il vient d’une famille d’immigrés modestes, pour lui être Monsieur Le maire c’est une revanche sur sa condition. Pas très à l’aise à l’écrit, pas très à l’aise à l’oral, pour avoir ses faveurs c’est simple, ne jamais le contredire, ou lui faire croire que c’est lui qui décide. Il est persuadé que sans M. Froussardier son incompétence apparaitrait aux yeux de tous.
Monsieur Froussardier : C’est l’adjoint aux finances. C’est l’ouvrier qui s’est élevé dans l’échelle sociale et qui est fier de sa réussite. C’est un homme austère et droit en devanture. Droit dans ses bottes comme on dit ! Une vie de salarié modèle, de mari modèle marié 45 ans à la mère de ses enfants, de père modèle avec 3 enfants bien élevé par madame. Il est la représentation modèle de la classe moyenne supérieure. Pas de risques, pas de vagues, jamais trop en avant, jamais de conflits, sans excentricité. Il a un léger complexe de supériorité et développe ses idées et ses projets caché derrière le maire pour ne pas prendre de risque. C’est un studieux appliqué, sa spécialité est de distiller son venin dans l’ombre. Il ne supporte pas la contradiction et ne se remet jamais en cause.
Madame Lacruche : Personnage secondaire sans intérêt, c’est la caricature de la petite bonne femme gorgée de fiel. Il y en a une dans chaque quartier, chaque village. C’est celle qui pleure toujours, qui se plaint toujours, à qui il arrive tous les malheurs de la terre. Elle n’existe et ne vit que grâce au ragot, au rumeur, à la médisance. Elle s’y baigne, y nage, s’y vautre sans fin. Comme tous les sots, elle est persuadée d’être intelligente, elle semble même s’en être convaincue, c’est ce qui la rend moins nuisible. Madame Lacruche ne voit pas que ses interlocuteurs n’ont aucune estime pour elle et que tout le monde sait qu’elle est hypocrite et sournoise. Même M. Badoufron n’en voulait pas dans sa liste, craignant qu’elle ne soit trop limitée et fourbe. Ca s’avérera être sa seule réflexion perspicace et sur laquelle il aura eu raison.